En juillet dernier, Cool Roof France est devenue la 5e « pépite » de Team for the Planet, bénéficiant ainsi d’une levée de fonds de 500 000 €. Qu’est-ce que Team for the Planet ? Comment est né ce partenariat ? Que permet-il de réaliser ? Julien Martin-Cocher, directeur général de Cool Roof France et Émilie, « couteau suisse » de Team for the Planet, répondent à nos questions.

Le Cool blog : Émilie, pouvez-vous présenter Team for the Planet ?

Émilie, Team for the Planet :  Team for the Planet c’est une entreprise à but non-lucratif dont l’objectif est de collecter 1 milliard d’euros pour financer et déployer 100 innovations qui luttent directement et massivement contre les gaz à effet de serre. Les indications du GIEC expliquent qu’il va falloir faire preuve de sobriété si on veut limiter les dégâts, mais qu’il va aussi falloir utiliser les innovations. La plupart de ces innovations sont déjà dans les tiroirs des scientifiques, mais elles ne sont pas déployées par manque notamment de compétences entrepreneuriales, de financements, etc. On a donc pour objectif de venir pallier ces manques en détectant les innovations et leur permettre de se déployer.
Nous avons aussi pour objectif de réfléchir à toutes les innovations financées sur la base de licence libre. L’urgence est telle qu’on ne peut pas attendre que chaque entreprise devienne un immense paquebot international. Il faut déployer le plus vite possible leurs innovations, partout dans le monde.

Comment est né concrètement le partenariat entre Cool Roof France et Team for the Planet ?

Julien, Directeur général de Cool Roof France : Ce partenariat est né de notre volonté d’accélérer notre croissance sur le marché du cool roofing et de tirer notre solution vers le haut pour bien faire comprendre cette technologie. Pour y parvenir, il nous fallait aller vite. Notre leitmotiv aujourd’hui, exactement comme TFTP, c’est de « tabasser les gaz à effet de serre ». C’est cette volonté qui nous a poussés à faire notre levée de fonds. Nous avons ainsi rencontré TFTP et on s’est rendu compte que l’on partageait un ADN commun et une volonté commune d’œuvrer à faire du bien à la Planète.

« On n’a pas le temps de rester dans notre coin à faire notre petite sauce. »

Vous avez évoqué tout à l’heure, le fait que les entreprises soutenues par Team for the Planet acceptaient de mettre leur solution en licence libre. Pouvez-vous détailler ?

Emily – TFTP : En effet, mais attention, pour nous « open source » ce n’est pas « open bar ». L’idée n’est pas de créer un Wikipédia où chacun pourra aller se servir des recettes de nos pépites. Non. L’idée, c’est qu’on va créer des licences qui seront très souvent appuyées sur des brevets. Mais ces brevets, au lieu d’être utilisés comme dans 99,99 % des cas pour protéger la solution, seront là pour s’assurer que les solutions resteront libres d’utilisation. Autre point, les utilisateurs des licences libres auront des obligations, notamment celle de partager toutes les améliorations qu’ils feront sur l’innovation, et pas seulement avec l’entreprise qui est à son origine, mais avec tous les autres porteurs de la licence utilisateur. L’idée est encore une fois de dire « on n’a pas le temps de rester dans notre coin à faire notre petite sauce ».


Julien – CRF : Je rebondis là-dessus. Si techniquement aujourd’hui il y a une belle solution, mais qu’elle est conservée dans la société, ce n’est pas cohérent avec le fait de vouloir répondre au besoin d’urgence climatique et à la nécessité de démocratiser cette solution. Beaucoup de structures françaises, et nous les premiers, restent assez candides, en tout cas inexpérimentées, sur cette notion d’open source et de licences libres. Donc oui, il a fallu dessiner les contours de cette règle parce qu’elle peut être très risquée. Le but est de cadrer cette approche. Aujourd’hui, la recette que l’on a mise à disposition est spécifique et plutôt saisonnière. La suite, ce serait d’avoir un produit qui résisterait mieux au temps. Une solution conçue dans une logique de sobriété, qui ne serait plus utilisée seulement au niveau national ni même international, mais à l’échelle de la planète. Attention, cette recette complète notre gamme existante qui elle dure 20 ans.

C’est un budget de 500 000 € que Team for the Planet a accordé à Cool Roof France. Comment va-t-il être utilisé ?

Julien – CRF : Ce budget nous a permis, par exemple, de renforcer l’équipe de notre bureau d’études. Cela va également nous permettre de développer notre laboratoire, etc. Donc cette levée de fonds nous permet d’aller plus vite, plus fort, plus loin, avec davantage de flexibilité.

Vous auriez pu choisir d’autres modes de financement. Quel est l’intérêt pour Cool Roof France de passer par TFTP ?

Julien – CRF :  TFTP nous a choisi et on a choisi TFTP parce qu’encore une fois, on partageait cette envie d’aller dans la même direction. Ce sont ces notions de sobriété, d’innovation, de low-tech et de justice sociale qui nous sont chères. On aurait pu simplement être dans un modèle financier, mais le côté humain du mode de financement était important. C’est une vraie collaboration, non pas simplement des actionnaires qui se rencontrent pour discuter des chiffres. Avec Team For The Planet, on est aussi dans une sorte d’économie circulaire. Tout ce que l’on va renvoyer à TFTP en termes financiers, sera utilisé pour réinvestir dans d’autres entreprises qui vont faire du bien à cette planète.


Émilie – TFTP : L’écosystème qu’on est en train de créer chez TFTP va aussi permettre d’être vraiment dans un cercle vertueux. Nos « pépites » se rencontrent et créent du lien. Cela peut mener à des échanges d’idées, de la mise en relation ou aller jusqu’à imaginer des packages, intégrant les solutions de plusieurs pépites, pour aller plus loin dans la réponse aux besoins actuels en termes de décarbonation. Autre point, on a passé la barre des 100 000 actionnaires au 31 décembre 2022. Ces 100 000 actionnaires sont 100 000 clients potentiels, mais aussi 100 000 prescripteurs potentiels. Ça, c’est hyper puissant !

Aujourd’hui, qui peut devenir actionnaire de TFTP et aider au financement d’innovations ?

Comment le partenariat avec Team for the Planet a été présenté en interne et comment a-t-il été accueilli par les équipes ?

Cool Roof France et Time for the Planet

Julien – CRF : Il y a eu deux phases. La première, c’était la compréhension de la nécessité d’accélérer la croissance. La deuxième étape était de faire accepter l’entrée d’un acteur extérieur au capital de l’entreprise. L’entreprise grossit et cela génère des craintes. Avec TFTP, le projet est porté vers l’urgence climatique et vers l’humain. Medhi, qui est l’un des co-fondateurs de TFTP, est venu nous rencontrer. Il s’est présenté en personne, a passé du temps avec les actionnaires et avec les équipes. Cela a fait comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un fonds traditionnel risqué, mais plutôt d’un partenariat entre Team for the Planet et Cool Roof France, le démarrage d’une collaboration.

En 2022, Team for the Planet a déjà permis la réduction d’environ 8,5 millions de kilos de CO2 avec un objectif annoncé pour 2023 à 13 millions. Combien de pépites espérez-vous associer à TFTP pour répondre à ces objectifs ?

Emily – TFTP : On a vraiment pour objectif d’être sur une courbe exponentielle. En 2021, on avait financé trois innovations. En 2022, cinq. L’objectif, c’est qu’en 2023, on soit dix. Jusqu’à présent, on avait plutôt comme objectif d’investir dans des entreprises, pour des innovations tout droit sorties du labo. Cool Roof France nous a complètement ouvert les yeux sur le fait que non, on ne pouvait pas se contenter de simples prototypes, mais qu’on avait aussi besoin de soutenir des innovations suffisamment avancées pour nous aider à porter les autres.

Aujourd’hui, qui peut devenir actionnaire de TFTP et aider au financement d’innovations ?

Emily – TFTP : N’importe quelle personne majeure, à partir de 1 €. Pour les entreprises, il y a un ticket minimum proportionnel au nombre de salariés. En devenant actionnaire, vous ne vous engagez à rien, vous ne prenez aucun risque financier. En revanche, on propose à ceux qui le souhaitent de s’engager plus activement en devenant, par exemple, évaluateur, les 8 500 personnes dont je vous parlais précédemment. On propose également de devenir membre de ce qu’on appelle nous, la « galaxie de l’action ». Il s’agit d’une communauté de bénévoles qui nous aide au quotidien dans tout un tas de domaines : traduction, relecture, mise en page, formation, participation à des événements…  On a plein de coups de main super précieux.


Julien – CRF : Les gens deviennent de plus en plus sensibles aux sujets liés à l’urgence climatique. Mais on est souvent dans l’individuel qui ne sait pas trop quoi faire. Team for the Planet est aujourd’hui un catalyseur du collectif. On est très contents, très satisfaits et très heureux de pouvoir faire partie de l’aventure et puis de les associer aussi à la nôtre. Tout le monde s’y retrouve. Ça nous ouvre des nouveaux horizons, ça nous fait réfléchir. C’est toute cette émulation qui est ultra plaisante et sur laquelle on travaille les uns les autres. C’est une belle collab, quelque chose qui fait sens et qui devait se faire.


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